Née le 16 janvier 1774 à Talmay en Côte-d’Or et
orpheline à l’âge de neuf ans, Thérèse Figueur s’engage dans l’armée à dix-neuf
ans. En 1793, en pleine Convention, le sud de la France est gagné par un
soulèvement contre-révolutionnaire. Avignon se soulève et son oncle maternel,
Joseph Viard, ancien militaire et royaliste, prend le commandement d'une
compagnie de canonniers au fort. Devant l'avancée de l'armée conventionnelle et
pour avoir un œil sur sa nièce âgée de dix-neuf ans, il accepte qu'elle porte
l'uniforme et l'accompagne. C'est une révélation pour Thérèse Figueur :
"je me sens gaie, alerte, infatigable. Je me redresse dans le rang. Je
cours d'une pièce à une autre pour transmettre un ordre du capitaine ; je porte
fièrement des boulets, des boîtes à mitrailles, des gargousses… Ma vocation
venait de se prononcer : Thérèse Figueur était soldat".
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Légion des allobroges |
La compagnie de canonniers de Marie-Thérèse et de
son oncle couvre la retraite des insurgés vers Marseille suite à la
prise d'Avignon par les troupes du Général Carteaux . Très vite les éclaireurs
allobroges apparaissent et fondent sur la compagnie qui se débande.
Marie-Thérèse ramasse une mèche à ses pieds et fait feu du canon chargé à
mitraille mettant hors de combat huit cavaliers. Ce geste aurait dû lui coûter
la vie mais elle est épargnée car elle paraît être un enfant. Au bout de 15
jours, après avoir craint d'être fusillée ou guillotinée, le Général Carteaux
lui propose de s'enrôler en rejoignant la République et la Convention dans la
légion des Allobroges. Elle obtient la vie sauve ainsi que celle de son
oncle. Dès lors, elle portera le nom de guerre de "Sans-Gêne" que lui
a attribué le sous-lieutenant Chastel en raison de son comportement : "je
vous assure, disait-il, que lorsque nous la fîmes prisonnière, elle ne se gênait
pas le moins du monde pour nous traiter de lâches".
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Portrait de Thérèse Figueur |
Sa carrière de militaire évolue rapidement quand
Thérèse Figueur se retrouve au siège de Toulon en 1793. Enfin, la cavalière
fait partie des 15e et 9e régiments des dragons, faisant preuve d’agilité à
cheval.
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Thérèse Figueur (Musée Bonaparte - Auxonne) |
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Thérèse Figueur n’hésite pas à participer aux
nombreuses batailles et campagnes militaires des guerres napoléoniennes. Son
courage, son moral et sa persévérance sont appréciés au point que lors du
décret du Comité de Salut Public interdisant le service militaire des femmes
(1793), elle peut profiter d’une exception. En effet, si une vision nouvelle de
la société s’est développée pendant la Révolution française, même les Jacobins
les plus radicaux rejetèrent l’idée de la participation des femmes dans le
domaine militaire ou politique. Pour Thérèse Figueur, son sexe est souvent
ignoré, éclipsé par ses nombreuses réussites sur les champs de bataille.
Parmi les faits
d'armes dont elle fut l'auteur et qui sont restés dans l'histoire, citons:
- Une blessure reçue en 1793 alors
qu'elle participait aux combats du siège de Toulon;
- au cours d'une action de guerre à
l'armée des Pyrénées-Orientales, elle ramène dans les lignes françaises,
au péril de sa vie, le général Nouguez atteint d'une grave blessure à la
cuisse ;
- à la même armée, elles sauve de la
noyade plusieurs hommes de la 17e demi-brigade ;
- en 1799 à Savigliano, elle a trois
chevaux tués sous elle et reçoit quatre coups de sabre.
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Dragon "Sans-Gêne" (uniforme du 9e Dragons ? - distinctive "cramoisi") |
Après deux ans passés en prison en Angleterre, elle
prend sa retraite militaire à Paris en 1815. En 1818, l’ancienne dragonne retrouve son ami
d’enfance, Clément Sutter, qu’elle épouse.
Les Mémoires de
Marie-Thérèse Figueur sont publiés une première fois en 1842 sous le
titre : Les Campagnes de mademoiselle Thérèse Figueur, aujourd'hui madame
veuve Sutter, ex-dragon aux 15e et 9e régiments,
de 1793 à 1815, écrites sous la dictée par Saint-Germain Leduc, chez Dauvin et
Fontaine. Ils ont les honneurs d'une seconde édition en 1894 suite au succès de la pièce de Sardou*.
Durant sa longue vie, cette femme soldat a connu le
règne de Louis XVI, la Révolution française, le Ier Empire, les deux
Restaurations, puis Louis-Philippe, la seconde République et même Napoléon III.
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Statuette créée en 1906 par L. Lachaud pour commémorer le courage exceptionnel du dragon "Sans-Gêne" (Musée de l'Armée - Paris) |
*En 1893, l’auteur dramatique Victorien Sardou utilise le nom « Sans-Gêne » pour représenter un autre personnage du Premier Empire, Catherine Lefebvre. Cette simple décision engendre une confusion dans l’usage de ce nom de guerre de Thérèse Figueur.
Sources :
- https://www.musee-armee.fr/collections/ressources/heroines-et-heros-histoire/therese-figueur.html
- https://www.napoleon-histoire.com/les-femmes-dans-les-armees-de-napoleon/
- http://bonaparte-a-valence.fr/les-femmes-dans-larmee
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k46833d.image
- https://www.napoleon-histoire.com/therese-figueur-1774-1861/
- https://journals.openedition.org/clio/1418
- http://www.pontault-combault.fr/sites/default/files/atoms/files/le_saviez-vous_ndeg6_-_madame_sans_gene.pdf