Sous
le Consulat et l’Empire, l’armée sera réorganisée de façon
beaucoup plus précise par ce génial organisateur qu’était
Napoléon. Sentant la nécessité de disposer de troupes montées
susceptibles de combattre à pied, l’Empereur créa 2 divisions de
dragons à pied en 1803 au camp de Boulogne. Il n’en resta qu’une
pour la campagne d’Allemagne en 1805 : la division Baraguay
d’Hilliers (7 200 hommes organisés en bataillons provisoires issus
de régiments de dragons montés à l’origine). Napoléon compte
les transformer en cavalerie avec les prises Autrichiennes. De fait,
il sera fort déçu par ces soldats qui ne sont "ni de bons
cavaliers ni de bons fantassins". Et pour cause : ils
portent des bottes trop hautes pour bien supporter les marches
infernales que leur impose le Petit Caporal et trop courtes pour bien
se tenir à cheval. Baraguay d’Hillier leur faisant même faire des
guêtres ! Cela lui vaudra la ire de l’Empereur qui lui
reprocha de les entraîner comme des fantassins. Peu habitués
à marcher (surtout aux cadences infernales imposées par le Tondu)
ils souffrent beaucoup dès les premiers jours et n’étant pas
rompus aux tactiques d’infanterie ils subiront quelques “
surprises ” désagréables qui nuiront à la réputation de leur
général d’ailleurs. Honnêtement, c’est aussi le manque de
chevaux qui a amené la création de cette unité. D’autre part,
leur fusil est trop court pour être efficace en tant qu’arme
d’infanterie. Dès le 23/10/1805, Berthier annonçait à Baraguay
d’Hillier : “ L’Empereur a fait connaître que son
intention est de monter tous les dragons à pied ”.
Cependant, un autre essai eu lieu en à partir du 12/09/1806 avec deux régiments formés d’hommes tirés des dépôts de dragons mais encadrés par des officiers de la Garde et par ailleurs rattachés à la Garde (le 1° au Grenadiers, le 2° aux chasseurs). Ils seront remontés avec les chevaux pris aux Saxons et aux Prussiens en octobre et novembre de la même année et rejoindront leurs régiments d’origine.
Pour être exhaustif il faut citer la création d’une unité de dragons à pied en 1805 en Italie par Masséna mais elle sera dissoute en janvier 1806 après la fin de la campagne en Allemagne. Il ne faut pas confondre ces corps avec les régiments provisoires de dragons que l’on retrouvera en Espagne mais qui ne sont que des cavaliers démontés en attente de remonte.
Napoléon
tenait à disposer de troupes aptes à accompagner la cavalerie
légère en avant garde, arrière garde ou flanc garde et capable de
démonter pour tenir des positions en attendant les renforts. Je le
cite : ” Une division de 2 000 dragons qui se porte rapidement
sur un point avec 1 500 chevaux de cavalerie légère peut mettre
pied à terre pour y défendre un pont, la tête d’un défilé, une
hauteur et attendre l’arrivée de l’infanterie. De quel avantage
cette arme n’est-elle pas dans une retraite ! ”. Pour lui,
les dragons doivent être toujours rompus au combat à pied.
Les
dragons combattent comme cavalerie dite moyenne ou de ligne (au même
titre que les lanciers apparus en 1811 par transformation de
régiments de ... dragons !) par opposition avec la légère
(chasseurs à cheval et hussards, parfois lanciers et chevau-légers
lanciers) et la lourde cuirassiers et carabiniers. Ils participèrent
à toutes les campagnes de l’Empire mais la majorité des régiments
servira et se couvrira de gloire en Espagne où les Espagnols les
appelleront “ cabeza de oro ” (“ casque d’or ” à cause de
leurs casques en laiton) puis "cabalero de oro" (“
cavaliers d’or ”, à cause de la sainte terreur qu’ils
inspiraient dans leurs charges). En 1814, leur retour en France sera
considéré comme providentiel et capable de retourner la situation.
Mais napoléon n’oublia pas leurs capacités à se battre à pied
puisqu’outre le fait qu’il interdisait de verser des officiers
d’un type de cavalerie dans un autre.
Ils finiront leur épopée glorieuse en Belgique entre le 15 et le 21 juin 1815. 12 régiments de dragons franchiront la frontière : 2 au IV° corps, 8 formant le corps de cavalerie d’Exelmans et 2 endivisionné avec les carabiniers dans la division l’Héritier du III° corps de cavalerie de Kellermann. Ils ne seront donc que deux à se ruer sur les carrés Anglais en ce fatal 18 juin 1815.
Extrait
de "PETITE ETUDE HISTORIQUE SUR LES DRAGONS"
(Christophe
Gouneau)