Wavre 2016

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Providence - 2e Dragons - Wavre 2016

dimanche 3 juin 2018

Brigadiers du 5e régiment de Dragons (Baron Louis-François Lejeune)


Ces aquarelles, attribuées au baron Louis-François Lejeune, font partie d'un exceptionnel ensemble de trois (publié dans Tradition Magazine N° 73 en février 1993 - d'après un fac-similé réalisé par La Sabretache en 1901, sur les originaux conservés dans la famille du baron Lejeune).


Ces brigadiers du 5e régiment de Dragons ont été réalisés sur le vif, puis terminé en atelier entre 1800 et 1803. Si nous examinons chaque pièce de l'uniforme une à une, voici ce que nous constatons:
Le casque : crinière de grande ampleur et houppe de cimier directement tirée de la crinière, visière non cerclée. Les "jouelières" d'écailles sont difficilement explicables dans cette configuration qui nécessitent une trop grande longueur ! La vue de profil gauche du casque nous révèle l'absence de rosace et la fixation des jouelières directement sur le bandeau. Il devait s'agir d'un usage répandu à l'époque (les jouelière à écailles étaient une nouveauté) et Lejeune semble les avoir vu ainsi...

fac-similé

L'habit : il est intéressant car il nous illustre le décalage entre les mesures réglementaires de 1786 et de 1791 et les réalités de la "mode" venues de la Révolution : basques très allongées et collet élevé. Par ailleurs la veste est ronde, sans échancrure et la culotte de mouton est garnie de manchettes protectrices.
fac-similé

Les bottes souples en cuir de veau nécessitent une suspension à la culotte par intermédiaire d'une patte de cuir. On notera la forme pointue du pied de botte. Le sabre est du modèle de 1790, créé à l'origine pour les chasseurs à cheval. Les buffleteries sont du modèle de 1786. (Source : Tradition Magazine N° 73)

fac-similé

Notes et aquarelles E. Fort d'après Lejeune










LEJEUNE (le baron Louis-François), général et peintre français, né à Strasbourg en 1775. Lejeune entra d'abord dans l'atelier de Valenciennes et y fit ses premières études de peinture. La révolution vint l'arracher à ses douces occupations, et il fut compris, en 1792, dans la levée en masse ; il fit partie de cette célèbre compagnie des arts dont beaucoup de soldats se sont fait un nom dans les fastes militaires.
Son intrépidité et son intelligence lui valurent un avancement rapide.
Il fit la campagne d'Égypte, passa de l'infanterie dans l'arme de l'artillerie, puis dans celle du génie, fut fait colonel au siège de Saragosse et général de brigade à la bataille de la Moskowa. Il assista à dix sièges et à un grand nombre d'actions.
Il se distingua en particulier au passage de l'Ourthe, en Belgique ; à Lientz, dans le Tyrol, et au siège de Colberg, où le général Loison le chargea d'enlever d'assaut le fort de Volfsberg. Lejeune s'acquitta de cette mission avec une rare intelligence, et, par une habile manœuvre, mit l'ennemi dans l'impossibilité de lui faire aucun mal.

Le baron Louis-François Lejeune ,
colonel aide de camp du maréchal Berthier,
vers 1810
              
Devenu aide de camp du prince Berthier, il assista à la bataille d'Essling, où l'armée française faillit être battue par les Autrichiens. Lejeune, jugeant que l'inondation du Danube pouvait mettre en péril l'Empereur, qui se trouvait dans l'île de Lobau, entreprit, au milieu de la nuit et malgré des dangers de toutes sortes, de lui procurer une barque ; il y parvint à force de recherches et d'activité, aborda dans l’île, et rencontra sur le rivage l'Empereur et Berthier. Une torche fut allumée, et à sa lueur Napoléon dicta à Lejeune l'ordre de la retraite qu'il le chargea de remettre aux maréchaux Bessières et Masséna ; ceux-ci avaient passé la nuit sur les champs d'Essling et d'Aspern. Lejeune, laissant l'Empereur et son major général disparaître dans la barque, reprit le chemin d'Aspern, et parvint, après d'incroyables fatigues, à remplir la glorieuse mission qui devait assurer plus tard la victoire de Wagram.
Lejeune n'avait pas cessé au milieu des camps de cultiver la peinture, et il devint naturellement peintre de batailles. Il exécuta en 1800 l'Incendie de Charleroi ; exposa le 25 mai 1801, jour anniversaire de la victoire de Marengo, un tableau de cette bataille.

La bataille de Marengo : détails

Autoportrait du Capitaine Lejeune
(ici en train d'adresser à Berthier des prisonniers
qui veulent lui rendre leurs armes)
attestent de sa participation à la bataille de Marengo

Le général Major Zack est fait prisonnier par trois cavaliers. 
L'un d'eux est un dragon : Amans Biron, Sapeur 
au 1er Régiment de Dragons,

Dragon et aide de camp du général Berthier, 
Laborde, renversé sous son cheval tué

D'autres tableaux suivirent à peu d'intervalle. Nous citerons la Bataille du Mont-Thabor, qui a été gravée par Bovinet ; celles d'Aboukir, d'Austerlitz, de Somo-Sierra, de Salinaz et de la Moskowa, le Passage du Rhin par Jourdan.
En 1805, Lejeune obtint la grande médaille d'or à l'exposition.
C’est au Salon de 1806 que Lejeune exposa La Bataille des Pyramides.

La Bataille des Pyramides : des dragons en arrière plan (détail)

Après la restauration, il se retira du service et se livra exclusivement à la peinture. Quoique ayant été victime d'une tentative d'assassinat de la part d'un garde-chasse et ayant eu les deux bras percés par une balle, son pinceau ne perdit rien de sa fermeté. Celui de ses tableaux qui fit le plus de sensation par le sujet qu'il avait choisi parut au salon de 1817. Lejeune s'y est représenté dans l'affaire de Guisando, au moment où son escorte, égorgée par huit cents guérillas, le laisse au pouvoir de ses ennemis. Après l'avoir dépouillé de ses vêtements, les volontaires espagnols ajustent vainement sur lui leurs fusils, tous les coups ratent ; et le chef des guérillas, prenant cette circonstance pour un signe de la volonté du ciel, lui accorde la vie. A la suite de cette affaire, Lejeune, prisonnier de don Juan Medico, avait été quelque temps détenu en Angleterre, où l'avaient expédié les Espagnols.

Le combat de Guisando :
Un dragon seul face à la guérilla (détail)

Lejeune donna en 1824 la Bataille de la Chiclana, et en 1827 la Prise de Saragosse.
Après la révolution de 1830, il fut rétabli sur le cadre d'état-major général de l'armée en qualité de maréchal de camp.
Lejeune s'était retiré à Toulouse, où il devint directeur de l'école des beaux-arts et de l'école industrielle ; il y est mort le 27 février 1848.
Lejeune avait été créé, par l'Empereur Napoléon, baron et commandant de la Légion d'honneur.

Attaque du grand convoi ramenant les dames de la cour
du roi Joseph en France (détail) : trois dragons sont représentés

Sources:
Tradition Magazine N° 73 en février 1993
www.1789-1815.com
www.photo.rmn.fr
assosehri.fr